L'avenir du numérique au pays des lobbies II
Apple, IFPI et Hadopi nous montrent la voie….
Le 23 janvier 2012, l'IFPI ( Fédération internationale de l'industrie phonographique ) nous pondait une étude qui a durée 18 mois, cette étude était censée nous apporter une lumière sur la bonne santé, ou pas, de la filière musicale avec à la clef des chiffres sur l'évolution des ventes de musique notamment numérique des majors, les universitaires ont été chargés de vérifier le comportement des internautes Français téléchargeant sur la toile ( requête de recherche via Google ) tout en évaluant l'influence de la mise en place de la Hadopi, ce qui à la base est forcément intéressant et comme pour toute étude pondue, il est important de jeter un regard sur qui la réalise.
IFPI soutien l'Hadopi : je te flatte ton droit d'auteur, tu me flattes mon Copyright
L'étude nous apprend et avance des chiffres se basant sur les ventes d'albums et de titres de la plateforme de vente Itunes issue des quatre majors, ces ventes aurait donc augmenté, notamment chez nous en France, entre 22,5 et 25% de plus que la moyenne de chez nos voisins ( Belgique, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Allemagne ) c'est là que l'applaudimètre de l'Hadopi
"Cette étude confirme la tendance, déjà soulignée dans les études barométriques publiées par l'Hadopi, d'un changement des usages des internautes vers des pratiques licites" conclu le communiqué de la Hadopi du 23 janvier 2012
c'est fait ressentir jusque dans les oreilles des observateurs avisés et aiguisés, comme l'analyse pertinente de l'article du monde démontrant ( et démontant ) que les techniques d'analyses de base de l'étude de L'IFPI ne prouvent pas de corrélation entre la mise en place de la Hadopi et l'évolution des ventes numériques, la raison, la position de Itunes en France notamment, car certes la progression ne peut être contestée, mais le paramètre inclus dans les graphismes du monde montre un autre aspect, que l'étude de l'IFPI ne montre pas.
En effet la France est le leader européen des ventes de IPhone et Itunes appartenant à Apple ( la religion Apple a été prouvé par le géni des neurosciences, et son petit côté 1984 ), les utilisateurs de Iphone ont donc nécessairement besoin d'installer ce logiciel pour se rendre sur la plateforme et acheter légalement de la musique dans la boutique d'Itunes, de part sa position dominante que se soit sur Itunes ou sur Iphone, Apple a donc là deux trésors très Fashion 2.0, il était donc très intéressant de se pencher sur la relation que l'un et l'autre entretiennent quand il s'agit d'achat de musique « numérique », c'est là que l'article du Monde intervient, avec graphisme à la clef, car il démontre une corrélation entre le nombre de vente de nouvelle version de Iphone et l'achat sur Itunes, mais également l'influence des fêtes de fin d'année, la comparaison des recherches « iphone » et l'écart des ventes sur Itunes tend à montrer que ce dernier suit l'influence du premier, l'Iphone donc, le raisonnement est tout trouver pour avancer le fait que les Français possédant un Iphone s'intéressent avant tout à l'achat du portable avant d'acheter sur Itunes, ce qui me fait dire également que ces utilisateurs privilégies avant tout le matériel plutôt que d'acheter directement la musique de leurs artistes.
L'intégralité de l'article du New York Times : How the U.S. Lost Out on iPhone Work
Les rois de la pomme
Les derniers chiffres de ventes d'Apple vient appuyer la thèse de l'article du monde, en effet il s'est vendu pas moins de 37 millions du dernier Iphone en l'espace de trois mois, les trois derniers mois de 2011, ce qui est nettement plus élevé que les 20,3 millions écoulés l'année précédente, il faut bien préciser que la production est elle aussi sur un rythme très élevée, sûrement pas au bénéfice des employés « made in china » fabricant ces « jolis » jouets 2.0 pour 12h de travail par jour à 17$.
L'intégralité de l'article du New York Times : How the U.S. Lost Out on iPhone Work
En parallèle, Apple a dans le courant de l'année 2011 ( année ou le chiffre d'affaire fait un bon de....73% le portant à 46,3 milliards de dollars et développant également une croissance de profit exceptionnellement élevé puisque le bénéfice Net se porte à un niveau de 13,06 milliards de dollars ), déposé des recours pour contester la taxation pour copie privée des tablettes tactiles ( arrêt de la taxe sur les tablettes tactiles depuis le 1 janvier 2012 ) ce qui a pour conséquence la stupéfiante particularité constaté, qu'Apple n'a versé aucun roros pour la redevance 2011
Comme le stipule l'article de PC Impact deux procédures sont en cours, le premier se passe au TGI de Nanterre tandis que le second est un recours devant le conseil d'état.
A défaut de faire vomir cela a au moins le mérite de nous montrer de nombreux exemples de notre société moderne et du fabuleux système culturel et commercial dans lequel nous évoluons.
La fermeture de Megaupload et le retour du P2P :
Pour autant on ne peut nier le fait que les maisons de disques ont encaissés 13,8 millions d'euros de chiffre d'affaires, mais l'étude de l'IFPI très consensuel ne permet pas d'affirmer avec certitude le fait de l'influence de la mise en place de la Hadopi en revanche il paraît évident qu'une partie des utilisateurs du P2P d'avant Hadopi soit rentrer dans le rang des internautes téléchargeant légalement, néanmoins l'étude confirme bien l'influence ( que tout le monde connait ) d'Hadopi dans la chute de la fréquentation du P2P, car l'autre partie des utilisateurs du P2P, les « sauvageons 2.0 » eux, ont anticipés son arrivée et se sont rués sur le Download direct comme Megaupload.
La mise en place de l'Hadopi confirme une volonté de poursuivre la défense du droit d'auteur, tout en continuant et intensifiant la lutte contre la contrefaçon sans oublier de pérenniser le fonctionnement du Copyright, et la récente fermeture de Megaupload, emblème du Download Direct ( et non du partage au nom de la défense de la culture ) change la donne pour ces « sauvageons 2.0 » ayant pris l'habitude de charger la mule différemment.
Le rêve Hadopien serait qu'ils se convertissent tous à Apple pour faire exploser les compteurs des ventes de musique numérique et justifier la mise en place d'Hadopi, qui coûte pas mal aux contribuable Français, c'est là qu'intervient de nouveaux graphismes mesurant, lui, la fréquentation des réseaux P2P, et comme le montre les graphismes d'Internet Observatory les taux se sont emballés suite à la fermeture de Megaupload , c'est notamment BiTorrent qui bénéficie d'un retour en force et ce malgré la présence de la Hadopi, ce qui ne manque pas d'attirer l'attention de Numérama notamment, la peur si désiré par cette autorité semble avoir échoué, ce retour à la tradition P2Piste confirme déjà la nostalgie de ce type de réseaux et conforte l'idée que ces utilisateurs chercherons coûte que coûte à imposer leurs visions de consommation, cette emballement devra néanmoins être confirmé dans les mois suivants l'arrêt de fonctionnement de Megaupload, toujours est-il que les conséquences seront sans doute l'intensification de la mise en place des réseaux P2P Cryptés, des réseaux anonymes, d'un retour forcené des échanges de disques durs, de clefs USB, bref tout ce qui facilite les échanges de fichiers, il est donc de très loin envisageable de voir exploser les ventes de musique numérique et ce malgré Hadopi, bon certains peuvent toujours rêver un peu, c'est gratuit, en revanche une nouvelle politique commerciale et la mise en place d'offre adaptée devrait permettre le développement progressif des ventes du numérique sur celui des ventes physiques, condamné au déclin.
Dans l'emballement, il faut dire que l'actualité numérique est particulièrement riche en ce moment, là ou certains se réjouissent des chiffres de l'IFPI et du soutien Hadopien il n'en fallait pas moins pour revigorer la défense de notre système culturel et de l'exception Française avec les droits d'auteurs en insistant particulièrement sur l'aspect non négligeable de la spécificité culturelle Française « que l'on considère toujours comme des biens de première nécessité »..... je rajoute commerciale.
On met le doigt, à juste titre, sur le fait qu'il est particulièrement difficile d'être suffisamment diffuser alors que l'on dispose d'une richesse créatrice, on nous promet là une loi visant à « fixer les responsabilités et engagements de chacun » et ce n'est pas une loi qui changera la donne sur la difficulté des artistes désirant vivre de leurs arts, car pour séduire et convaincre une majors ou même un label, il faut déjà avoir un projet bancable collant bien souvent à l'époque musical du moment, et pour beaucoup d'artistes il faut déjà avoir réussi à vendre pas mal d'albums autoproduits avant de pouvoir croire au père Noêl.
Les meilleures révolutions sont celles qui se font par transition
On nous présente un « joli discours » du droit d'auteur "La différence entre Mozart et le créateur contemporain, c’est le droit d’auteur" alors quand finalité « Le point commun entre Mozart et la majorité des créateurs c'est l'absence des droits d'auteurs » on met le doigt sur le fait que la culture souffre à cause de l'arrivée du nouveau monde "La culture n’a pas à souffrir de la déréglementation du monde nouveau" et c'est encore une grossière erreur de posséder ce genre de raisonnement puisqu'en définitive, c'est bien à l'incapacité de l'ancien monde à s'adapter au paradigme du nouveau monde numérique que l'on doit les dysfonctionnements que l'ont constatent tous les jours, les exemples ci-dessus montrent bien cet argument justifié, certes cela peut offusquer voir même pourquoi pas indigner le fait que la position dominante de l'ancien monde se met au pas du nouveau et il faut bien mettre l’accent sur cet aspect, « reconnaître la naissance d'un nouveau monde par un des membres de l'ancien, c'est avouer à soi-même d'être déjà dépassé » toujours est-il que l'un et l'autre ont des intérêts communs, celui de faire évoluer un système commercial et culturel.
Les meilleures révolutions sont celles qui se font par transition, pour le plus grand bien de tous et pas seulement au profit de quelques-uns, le partage des fichiers et sa légalisation dans l'espace web 2.0 peuvent librement cohabiter avec un système commercial contribuant à satisfaire les ayants droits, le potentiel du numérique compensera largement le déclin programmé de l'ancien monde, le développement idéologique de la Hadopi pour le droit d'auteur ou la sauvegarde intensif du Copyright sont une perte de temps et d'argent, le fonctionnement structurel du système commerciale et culturel montre des signes évidents de « grosse fatigue » seule une profonde révision structurelle de son développement pourra permettre au système économique d'aller de l'avant, pas seulement au cinéma, mais dans la vrai vie.
D’ailleurs un audit du fonctionnement de la Sacem permettrait de voir apparaître les économies réalisés et la mise en place d’un nouveau système plus adapté et collant à son époque permettrait également de se rendre compte que le bénéfice serait même plus avantageux pour tous que celui en vigueur actuellement, il y a 137000 sociétaires affiliés à la Sacem en 2011 ( sans doute très loin de représenter la majorité des artistes-créateurs ) il y a eu 819,6M€ perçus et répartis en 2010 et 2011 et 647 M€ répartis aux ayants droit perçus en 2009 et 2010 hors action culturelle, et seulement 16,6M€ consacrés au soutien du spectacle vivant, de la création et de la formation.
Les chiffres Sacem 2011
Que l’on soit pour ou contre la Sacem, la question n’est pas là, la question est nécessairement orientée sur le fonctionnement et la répartition dans un souci du mieux être de la création et des créateurs, voir même pourquoi pas de favoriser une politique culturelle axée sur le développement du spectacle vivant, d’une meilleure aide aux productions artistiques nouvelles et innovantes, de soutenir la filière des petits producteurs et des labels en difficultés, mais aussi d’un programme de formation artistique et de l’éveil artistique de nos chers jeunes générations, bref côté idées c’est pas ce qui manque, juste une question de se donner les moyens de la volonté.
Acta, Sopa, Pipa aussi…
Il y aura forcément et toujours de la réticence et de la résistance, des deux côtés ( défenseur du libre partage + contribution des ayants droits Vs droit d'auteur/Copyright/propriété Intellectuelle ) , nous assisterons à plusieurs phases, comme celle que nous vivons, ou l'on évoque dans certains partis politiques la mise en place d'une licence globale et d’une légalisation des fichiers, ce qui en soi est déjà une révolution, rappel toi il y a 10 ans, d’autre hésite encore car la prise de conscience et les intérêts commerciaux ne sont pas encore réellement bien perçu, les raisons des blocages sont assez nombreux, les craintes suscités par une légalisation du partage des fichiers remettrait sans doute en cause la volonté affiché de combattre et d’intensifier la lutte contre la contrefaçon, c’est là qu’intervient le rôle de l’Acta ( Accord Commercial Anti-ContreFaçon ) qui vient d’ailleurs d’être signé par 22 pays dont la France, l’Acta ne se contente pas de limiter sa lutte dans le net, mais aussi en dehors de son espace, ceci afin de garantir la continuité du fonctionnement de la propriété intellectuelle, dans la foulé la Sopa et Pipa soulevaient de nombreuses contestations de la part des acteurs du Web organisant un Black-Out notamment par Google, Wikipédia et bien d’autres…..
On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre, même au centre de la toile
Ils affichaient donc leurs légitimes mécontentements et les nombreuse inquiétudes suscitées, même certains sénateurs commencent à faire machine arrière comme le souligne l’article du nouvel ob's, me diriez-vous mais pourquoi ? les textes qui sont en préparation permettront, sous prétexte de lutter contre la contrefaçon, d’offrir aux ayants droits des outils de défense visant exclusivement leurs intérêts, notamment et non des moindres de court-circuiter le système judiciaire de faire son travail et de garantir une certaine partialité, en effet cela leurs permettraient de réaliser le blocage d’accès aux sites accusés de faciliter le piratage sans l’intervention de la justice, mais cela remettrait en cause également le fonctionnement du système DNS et de l’internet mondial facilitant du même coup par son imposition un potentiel de censure non négligeable, en sommes des cow-boys 2.0 imposant leurs règles et leurs visions de leur nouveau monde.
Au regard des bons chiffres de perception ici ou là, au-delà de la bonne forme de la santé de certains acteurs audiovisuels comme le monde du cinéma, mais aussi de l’excellente santé financière d’un acteur comme Apple et dans l’encourageante monté en puissance du marché de la musique numérique, pas grand-chose voir rien ne justifie l’intensification et la mise en place d’une vision répressive de la lutte contre les « sauvageons 2.0 », enfin c’est en tous les cas mon avis et c’est à chacun de se poser cette question.
En attendant de te faire réfléchir et si tu es contre l’ActaPussy tu peux toi aussi jouer au cow-boys 2.0 et manifester pacifiquement ton point de vue de « Citoyen ».
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